Comment Nicolas Sarkozy a pris la main avec son carré de dames

Publié le par Jean-Philippe Chognot

undefinedJean-François Probst publie, en ce mois de janvier 2008, son dernier livre : Les dames du Président, aux éditions du Rocher. En fin connaisseur de la vie politique française, l’ancien collaborateur de Jacques Chirac, Charles Pasqua, Alain Juppé et Michèle Alliot-Marie, notamment, tente de percer la personnalité et les ambitions de cinq femmes influentes de l’entourage de Nicolas Sarkozy : Cécilia Ciganer, Rachida Dati, Ramatoulaye Yade, Fadela Amara et Christine Lagarde.

« Les traits communs qui lient Cécilia, Rachida, Rama, Fadela et Christine sont sans doute leur ambition, leur courage, leur ténacité et surtout leur goût pour la conquête rapide du pouvoir à l’image du Kaiser Sarkoko (sic). » C’est en ces termes que Jean-François Probst, ancien collaborateur des grandes figures du Rassemblement pour la République (RPR), résume le fil conducteur de son livre « Les dames du Président », une série de portraits féminins tout juste publiée aux éditions du Rocher. « Ce qui m’intéressait, c’était de savoir ce que ces femmes pouvaient apporter à la vie politique française » : l’ancien maire de Bois-Colombes a voulu cerner l’étendue de leur influence sur l’actuel locataire de l’Elysée et a fortiori sur la France qu’il gouverne.

Qui mieux que Cécilia Sarkozy pour symboliser cette influence ? L’ancienne épouse de l’animateur Jacques Martin a joué un rôle prépondérant dans l’ascension inexorable de son second époux. « Mon approche pour traiter du couple que formaient Cécilia et Nicolas, c’est la conquête du pourvoir. » « L’Impératrice Céci » a soutenu son homme politique de mari jour après jour jusqu’au sommet. A ce sujet, le gaulliste de toujours rappelle les propos de celle qu’il qualifie de « dame de trèfle » : « Les hommes politiques, c’est comme les artistes, il faut leur tenir la main pour qu’ils montent les marches. »

C’est également l’éphémère première dame de France qui a introduit le « Kaiser Sarkoko » dans le monde du show-biz. Jean-François Probst l’affirme dans son ouvrage : « C’est là l’une des grandes forces de Cécilia : elle aura constamment et fortement contribué à élargir le cercle des amis, vrais ou faux, de Nicolas Sarkozy. » C’est bien grâce à ce nouveau réseau que le Neuilléen a acquis une nouvelle dimension, une dimension people et médiatique qui le caractérise encore aujourd’hui plus que jamais.

 

Fadela Amara, le coup de cœur

  Après la « dame de trèfle », l’auteur s’attarde sur la « dame de carreau » : Rachida Dati. Moins tendre qu’avec la précédente, il la décrit comme une grande opportuniste. « Elle a frappé à toutes les portes, elle a écrit à tout le monde. Il fallait bien que quelqu’un lui réponde. » Ce quelqu’un, ce fut Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly-sur-Seine. Sa capacité à mettre de son côté le futur couple présidentiel lui a permis de gravir les échelons du pouvoir et de devenir ministre de la Justice. Cependant, Jean-François Probst n’est toujours pas convaincu par la protégée de Simone Veil : « Rachida Dati poursuit une carrière à la Edith Cresson : quelques gaffes, de l’arrogance, mais beaucoup de fulgurance. »

9782268064574.jpg A l’inverse, l’amoureux de l’Afrique semble estimer davantage Ramatoulaye Yade. La secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme est sa « dame de pique ». « Quand elle parle au parlement, elle a beaucoup de savoir-faire. Elle répond très précisément aux questions posées par la représentation nationale. Sur l’affaire de l’arche de Zoé, elle m’a subjugué face au très expérimenté Jean-Louis Bianco », s’enthousiasme-t-il. Selon lui, « si elle prend à bras le corps les problèmes qui se posent aux quatre coins du monde, elle peut apporter beaucoup à l’image de la France. »

Pour compléter son carré de dames, Jean-François Probst a choisi Fadela Amara, sa « dame de cœur ». Vraisemblablement aussi son coup de cœur. « Elle m’impressionne beaucoup dans sa faculté à s’exprimer avec un langage simple. Elle est comprise par 80 % de la population, ce qui n’est pas une mince affaire quand on sait que la plupart des Français ne comprennent pas bien le français. » L’analyste qualifie d’ailleurs de « coup de génie » l’entrée de la présidente de l’association Ni pute ni soumise au gouvernement.

Autre bonne pioche aux yeux de l’« ami de Chirac » : le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi Christine Lagarde. Puisqu’il ne peut y avoir que quatre dames, l’ambitieuse « dame de Chicago » – en référence à sa brillante carrière dans les cabinets d’avocats d’affaires de Windy city – sera son joker. « Ce qui m’intéresse chez elle, c’est comment elle va apporter, depuis Bercy, le pragmatisme, la rigueur et la technicité dont la France a besoin », argumente-t-il. Le consultant international conclut par un pressentiment à son sujet : « Si Lagarde est élue dans le XIIe arrondissement (de Paris, ndlr) en mars prochain, qui nous dit qu’elle ne remplacera pas Fillon à Matignon lors d’un prochain remaniement ? »

 

Jean-Philippe Chognot



Les dames du Président, Jean-François Probst, éditions du Rocher, janvier 2008, 16,90 euros
Pour Média France Intercontinents : http://www.rfi.fr/fichiers/MFI/PolitiqueDiplomatie/2364.asp

Publié dans Culture

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