Michel Martelly élu président d'Haïti

Publié le par Jean-Philippe Chognot

Le chanteur populaire Michel Martelly remporte les élections présidentielles en Haïti avec plus de 67% des voix, selon les résultats préliminaires annoncés lundi soir. Les résultats définitifs seront connus le 16 avril et le vainqueur entrera en fonction le 14 mai.

http://www.lefigaro.fr/medias/2011/04/05/76079a8c-5f47-11e0-b5ac-5de5716daa7d.jpgSon inexpérience aurait pu être une faiblesse, elle est devenue sa principale force. Le curriculum vitae politique de Michel Martelly, tout juste élu président d’Haïti, est vierge. « Je n’ai jamais été impliqué dans la politique. J’ai les mains propres », scande-t-il, tel un slogan. Le néophyte de 50 ans s’est posé en candidat de la rupture avec le « vieux système ». « Je suis le changement et le changement est en train de gagner les élections », avait-il clamé entre les deux tours.

L’artiste populaire revient de loin. Écarté au premier tour le 28 novembre 2010 par des fraudes massives qui avaient profité au candidat du pouvoir, Jude Célestin, Michel Martelly avait finalement été désigné le 3 février pour affronter au deuxième tour Mirlande Manigat, constitutionnaliste et ex-première dame d’Haïti.

Michel Martelly était déjà président, mais d’un genre différent. Il s’était autoproclamé « président du compas », genre musical populaire en Haïti. Cet enfant de la classe moyenne de Port-au-Prince, qui avait arrêté ses études pour se consacrer à la musique, enregistre ses premières chansons à la fin des années 1980. Sous les pseudonymes de Sweet Micky et Tèt Kalé (« crâne chauve » en créole), il séduit grâce à des succès comme Ou la la, Konpa Foret des pins ou Pa manyen.

Cette carrière lui offre une aura auprès des jeunes, socle de son électorat, dans un pays où la majorité de la population a moins de 21 ans. À l’annonce des résultats, ils étaient nombreux à crier leur joie dans les rues de Port-au-Prince. Pendant la campagne, le candidat leur a fait des promesses. « Un jeune Haïtien doit pouvoir travailler, s’acheter une voiture et vivre décemment », a-t-il lancé. 

Il a également axé son programme sur la « sortie de crise post-séisme », après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui a tué 250 000 Haïtiens et laissé de nombreux rescapés toujours sans logement, confrontés à l’épidémie sporadique de choléra qui a fait 5 000 morts depuis novembre. « Ces centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes empilés sous des tentes de fortune devront sortir car à la roulette russe des épidémies, le jeu a trop duré », a lancé Michel Martelly.

Sweet Micky est accusé par ses détracteurs d’être moins éloigné du système qu’il ne le proclame. Par exemple, le 16 janvier, il a approuvé le retour au pays de l’ancien « président à vie » Jean-Claude Duvalier, pourtant accusé de crimes contre l’humanité. Certains le qualifient d'ailleurs de « néo-duvaliériste ». Il a également souhaité que, une fois au pouvoir, « tous les anciens présidents deviennent (ses) conseillers afin de pouvoir profiter de leur expérience ». Pas sûr que le nouveau président, désormais élu, mettra cette idée en application.

Jean-Philippe Chognot

 

Article publié dans le journal La Croix, du 06/04/2011, en page 6.

Publié dans International

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